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FORUM ACTUS Taj Mahal

Isaiya COMPTE SUPPRIMÉ
Vendredi 29 Mai 2009 à 21:08
Je vous poste ça de suite, je viens de finir, par contre, il va y avoir plusieurs postes, donc attendez que j'ai terminé, s'il vous plait.
Isaiya COMPTE SUPPRIMÉ
Vendredi 29 Mai 2009 à 21:20
Pour commencer, deux photos, pour se resituer un petit peu.

Le Taj en photo:

http://vikaskhera....ahal21.jpg

Et une photo de deux acteurs qui jouent dans un film très largement inspiré des livres dont je me suis inspiré:

http://entimg.msn....3231h1.jpg
Isaiya COMPTE SUPPRIMÉ
Vendredi 29 Mai 2009 à 21:21
Voici un résumé de trois livres dédiés au Taj, mais mon résumé se concentre surtout sur "Taj" de Timeri N. Murani, les deux autres livres dont je m'inspire par moments sont Le songe du taj Mahal et le festin des roses.

Taj Mahal.

Qui ne connait pas, et n'a jamais vu cette élégante silhouette de marbre qui s'élève vers les cieux pour embrasser le divin ?

Ce célèbre monument, incontournable en Inde, est admiré pour sa beauté architecturale, mais que cache t-il réellement ? Qui a pu construire une telle folie ? Et pour quelle raison ?

Le Taj Mahal est comme son nom l'indique, le palais de la couronne. Baptisé initialement Mumtaz-I-Mahal, l'altération du temps et le remaniement populaire à travers les différents dialectes l'ont conduit être rebaptisé ainsi. C'est un mauselée qui habrite le corps de Mumtaz Mahal, la lumière du palais. Elle fut l'épouse de l'empereur Shah Jahan dans la dynastie moghole qui régna sur l'inde durant plusieurs siècles.

Shah Jahan (roi du monde en persan) était le premier fils de l'empereur Jahangir. La succession lui était donc naturellement destinée. Mais ce droit de succession était constamment l'occasion pour les enfants de l'empereur défunt, de s'entretuer pour le pouvoir. Dès lors qu'on avait espéré pouvoir goûter au plaisir de dominer le monde, la folie du pouvoir altérait la raison, au point de tuer ses frères pour arriver à ses fins.

Shaha Jan était un beau jeune prince aux cheveux longs, à la barbe finement taillée, il était rêveur, et grand admirateur des femmes. Il était insatiable en terme de plaisir charnel. Il apprenait chaque jour tant bien que mal le métier d'empereur en gouvernant telle ou telle province pour obéir aux caprices de son père. A cette époque, l'empire présentait des frontières instables, notamment avec celle de la Perse. Pour assurer une alliance politique durable, Shah Jahan fut marié avec la nièce du roi perse. Les mariages d'amour étaient proscrits car l'avenir de l'empire prévalait sur tous les sentiments.

Mais dans le coeur du prince, résidait déjà le souvenir possedé d'une magnifique créature qu'il avait aperçue lors de la grande cermesse. A cette occasion exceptionnelle, les femmes étaient autorisées à ôter leur voile. Lorsque leur regard s'entrecroisèrent, Shah Jahan fut parcouru par un grand frisson, malgré la chaleur accablante des nuits bien trop venteuses des plaines du Penjab. La belle Arjumand n'était alors qu'une adolescente d'une lignée noble, et elle s'autoriser à regarder le prince avec insistance. Elle le dévorait des yeux pour que le hasard de ses déambulations dans les ruelles du fort d'Agra aient pu le conduire volontairement au pied de son étalage de bijoux personnels en argent qui n'auraient guère suffit à attirer le regard d'un prince. Mais Shah Jahan fut captiver par le plus beau joyau qu'il venait alors de voir de toute sa vie.
Isaiya COMPTE SUPPRIMÉ
Vendredi 29 Mai 2009 à 21:22
"- J'ai eu l'impression que nous nous étions touchés, effrolés avec le regard...

Je parlais avec force et rapidité, incapable de maîtriser le ton autoritaire de ma voix, plus habitué à commander qu'à exprimer mes sentiments. J'essayai de nouveau:

- Mais c'était impossible, à une telle distance. J'ai senti ton bras se poser doucement sur le mien, comme s'il voulait m'entraîner dans un flôt passionnel, vers un courant qui m'était alors inconnu. Il est presque dangereux de tomber amoureux aussi rapidement. C'est comme livrer une bataille sans la protection d'une armure, en se croyant hors d'atteinte. Mais il serait vein de feindre l'évidence, tes yeux ont transpercé la fine armure qui est forgée pour ne résister qu'à la haine des autres. Il faut que j'entende ta voix, et que je sache si tu es bien réelle.

- Je suis Arjumand Banu, votre Altesse.

Sa voix était chaude et s'élevait doucement dans les airs. Embarrassée par mon regard intense, elle baissa les yeux avec modestie et s'inclina devant moi. Cela me serra le coeur et je me précipitai pour l'empêcher de continuer, touchant son épaule nue. J'eus l'impression d'avoir été frappé. Jamais je ne m'étais senti aussi vulnérable, une folle sensation d'étourdissement m'envahissait peu à peu, comme si cette étrange intensité s'était répandue dans mon antre pour rendre mes jambes engourdies, prêtes à se dérober à chaque regard qu'elle me portait. Les pensées s'entremêlaient dans mon esprit, je balbutiais.

Arjumand était pleine de bonté. Son visage semblait incarnait la vertu.

- Ne m'achèterez-vous pas un souvenir ? Après avoir passé tant de temps avec moi, vous ne pouvez pas partir les mains vides, malgré que l'essence contenue dans votre coeur puisse être inestimable, je dois au moins avoir une roupie ou deux.

- Et que feras-tu avec une roupie ?

- Je la donnerai aux pauvres. Ils en ont plus besoin que nous.

- Aux pauvres ? M'exclamai-je, ne pouvant cacher mon étonnement.

- Mon amour n'a-t-il rien remarqué ? Ils vivent juste en dehors du palais.

- Quand je suis avec toi, je remarque très peu de choses à part celle dont je n'arrive pas à détourner le regard. Si c'est pour les pauvres, alors je t'achèterai tout. Combien dois-je payer ?

Elle fronça les sourcils, évalua la pile de bijoux en argent, puis, me lançant un coup d'oeil, elle me sourit avec gaieté.

- Dix mille roupies (ce qui était colossal pour l'époque).

- Marché conclu.

Elle se mit à rire et me regarda furtivement à travers le rideau de cheveux qui tombait sur son visage. Je ne pouvais supporter un tel bonheur et souhaitais l'enlever comme un voleur et m'enfuir avec elle."

Cette première rencontre marqua les esprits. Et cela arriva expressement eux oreilles de Jahangir.
Isaiya COMPTE SUPPRIMÉ
Vendredi 29 Mai 2009 à 21:22
Shah Jahan ignorait totalement sa première épouse. Leur première nuit de noce fut un fiasco retentissant. Il refusa de consommer ce mariage, et la princesse persane s'enferma dans un profond mutisme, faisant goûter par ses esclaves, à plusieurs reprises, les plats qui lui étaient adressés, par crainte d'être empoisonnée. Elle savait qu'elle était prisonnière dans cet étau politique, et elle ne pouvait point se libérer de cette étreinte. Elle devint paranoïaque et craintive.

Le comportement du prince irrita profondemment Jahangir qui malgré son tempérement magnanime, son goût pour la poésie, ses qualités de tolérance, et sa vision écuministe à l'égard des autres croyants de l'empire, acceptait que son fils prit Arjumand comme deuxième épouse.

Durant trois longues années, il ne cessa d'envoyer son fils combattre des princes rebelles en pensant que cet amour volatile se perdrait dans la poussière des champs de bataille. Mais chaque conflit contribuait à l'endurcir, et il s'empressait de revenir au plus vite sur Agra, en espérant pouvoir croiser à nouveau, celle qui tronait dans son coeur, et dans laquelle il puisait tout son pouvoir.

L'oncle d'Arjumand, un fidèle conseiller de Jahangir perdit la vie durant une partie de chasse. Et les desseins de Mehrunissa, la tante d'Arjumand, éclatèrent au grand jour. Machiavélique et avide de pouvoir, d'une beauté venimeuse dont la dangerosité ne pouvait faire que le jeu de l'égo d'un empereur en défiant son pouvoir, elle s'évertua à séduire l'empereur qui avait également perdu son épouse. Jahangir passait des journées à écrire des psaumes qu'il récitait ensuite lors des banquets pour vanter les mérites de sa beauté. Plus elle se refusait à lui, et plus il en devenait fou. En guise de bague de fiançailles, elle reçut à la place, une boite en oir finement ciselée. Lorsqu'elle l'ouvrit, elle vit la plus grosse émeraude qui fut découverte jusqu'à ce jour.

Ils se marièrent, et cela fut l'occasion pour Arjumand et son prince, de se retrouver durant cette nuit de célébration, à la dérobée, grâce au serviteur d'Arjumand, Isa.

" - Ou est-il ?

- Juste là.

- Je ne voyais rien que l'obscurité. Si je faisais un pas de plus, qu'adviendrait-il de moi ? Je frissonnais et j'avais la chair de poule. Jusqu'à présent, l'espoir et les rêves m'avaient soutenue dans les moments difficiles. Maintenant, j'avais peur. Dans quelques instants, tout pouvait disparaître et je resterais seule, le coeur brisé, mon sort allait être celé. Peut-être qu'en me voyant, après une si longue absence, il cesserait de m'aimer. Il serait très étonné et ne comprendrait pas les raisons qui l'avaient poussé à m'aimer pendant si longtemps. Il se dirait: "Qu'avait-elle de si attirant ?" Il regarderait mon visage, mes yeux et ne verrait pas en moi Arjumand, la femme qu'il aime, mais une femme plus âgée, hagarde et désespérée. Il s'inclinerait alors poliment puis s'en irait. Et pour moi, tout espoir serait définitivement perdu. Je m'arrêtai brusquement. Je voulais faire demi-tour et partir en courant. La peur m'envahissait.

- Viens Arjumand.

- J'ai...besoin d'air.

- Il attend, dit Isa en se rapprochant de lui.

Son visage était tourné vers la lumière et pendant un instant, je lus la tristesse dans ses yeux. J'avançai dans l'obscurité. J'entrevis l'éclat de sa ceinture en or et le scintillement du diamant dans son turbant comme un troisième oeil.

- Arjumand !

Sa voix et sa main tendue, pleine de force, me guidèrent vers lui. Je maudissais l'obscurité qui cachait son visage. Avant même que je puisse lui dire un mot, il embrassa ma main puis mes doigts. Sa barbe était douce et soyeuse. Je portai sa main sur mes lèvres puis la serrai contre ma joue. Je me sentais si bien, son contact m'apaisait et j'étais guérie de toutes mes peines."
Isaiya COMPTE SUPPRIMÉ
Vendredi 29 Mai 2009 à 21:22
Le mariage de sa tante Mehrunissa et de l'empereur Jahangir favorisait la relation d'Arjumand, car elle pensait que cette alliance familiale allait lui permettre d'obtenir la place que lui réservait le prince auprès de lui depuis de longues années. Mehrunissa était une fine calculatrice, et en influant en faveur de cette union, elle désirait contrôler les aspirations de Shah Jahan à travers sa nièce.

Et c'était un tout autre désir qui se tramait dans l'esprit de Mehrunissa. Alors qu'elle maintenait à distance sa nièce, malgré les belles paroles qu'elle lui adressait en lui promettant ce mariage tant convoité, c'est le nom de Ladilli qu'elle soufflait au creux des oreilles de Jahangir. L'empereur était manipulé, et il passait son temps à rêvasser en repensant aux souvenirs des plaines verdoyantes et fleuries du Cachemire. C'est dans cet éclot de verdure que son esprit allait bientôt s'éteindre pour pouvoir se reposer.

Mehrunissa avait d'autres projets, ceux de sa succession, et elle comptait marier sa fille avec le troisième fils illégitime de Jahangir pour continuer à jouir du pouvoir.

Ce complot politique génèra d'énormes tensions familiales, et une guerre éclata entre père et fils. Arjumand et son prince furent contraints de battre en retraite pour éviter d'avoir à faire front avec l'armée moghole qui était composée de plusieurs centaines de milliers de soldats. Mais le choc fut inévitable, et la défaite qui en suivi, prévisible. Les époux ingrats durent se cacher durant plusieurs années, traqués et harcelés de tout bord par l'armée impériale.

Ils trouvèrent refuge durant un temps, auprès d'un prince affranchi résidant dans un palais de marbre flotant sur les eaux calmes d'un lac. Cet endroit de fraicheur plut énormément à Shah Jahan, il passa des journées à contempler les réverbérations de la lumière sur cette pierre blanche. Ce souvenir intarissable fut gravé dans sa mémoire...

Lorsque l'esprit de Jahangir quitta son corps pour aller vagabonder une dernière fois parmi les neiges éternelles des montagnes du toît du monde, ce fut le moment opportun pour Shah Jahan de revenir au pouvoir, appuyé et soutenu par la majorité des nobles qui le préfèraient à ce simulacre d'empereur incarné par un imposteur dirigé comme une marionnette. Mehrunissa dut capituler, et l'exécution du frère de Shah Jahan ordonnée. Arjumand fit tout en son pouvoir pour s'opposer à cette vindicte expéditive, mais elle savait que tôt ou tard, un prince déchu, à qui on a fait goûter cette espérance, revient toujours, accompagné par une armée de rebelles toujours plus grande pour s'emparer du pouvoir. Le trône ou la mort. Il fallait à chaque succession, choisir.

Mehrunissa du se résigner à l'accepter.

Arjumand accompagna une dernière fois son prince pour livrer bataille à des avatars de princes qui refusaient de se soumettre. Elle portait également leur quatorzième enfant. Alors que certaines esclaves vendent leur chair pour épancher le désir des princes, sans avoir à subir les conséquences, Arjumand portait à chaque fois en elle, le fruit de ce plaisir consommé. L'accouchement fut douloureux. Et il le fut pour toujours.
Isaiya COMPTE SUPPRIMÉ
Vendredi 29 Mai 2009 à 21:23
" - Je suis ici près de mon Arjumand adorée. qu'y a-t-il ?

- Dormir, murmurai-je. Je dois dormir bientôt. Reste avec moi.

Il embrassa mes paupières, mes joues et effleura mes lèvres.

- J'ai refait le même rêve. Pourquoi cela revient-il toujours ? J'ai vu...J'ai vu un visage. Il était pâle avec des yeux étranges, mais je ne savais pas ce que c'était. Un homme, très beau et princier. Mais c'était seulement un visage. La tête n'avait pas de corps. Elle reposait comme une pierre. Quelle en est la signification ?

- Calme-toi mon amour. C'est seulement un mauvais rêve.

Ile me serra encore plus, m'agrippant comme s'il avait peur que je disparaisse. Je l'entendis appeler le médecin. lls parlèrent ensemble, mais je ne pus comprendre leurs paroles. Le sommeil m'envahissait et je combattais toujours.

- Mon amour, je vais bientôt dormir. Je ne peux pas résister plus longtemps, je ne suis pas assez forte.

Son souffle était doux et frais.

- Tu dois me faire une promesse.

- Tout ce que je veux.

Je sentis ses larmes couler sur mes joues et sur son cou. Cela la chatouilla et elle sourit. Elle essaya d'essuyer mon visage, mais elle ne put bouger ses mains.

- Ne te remarie pas, mon prince adoré. Promets-le moi. Sinon nos fils se battront avec les siens et il y aura beaucoup de sang versé. Fais-les s'aimer entre eux...traite-le équitablement...comme tes sujets.

- Je te le promets.

- Et promets-moi...

Elle avait besoin de réconfort et de promesses avant de sombrer dans le sommeil éternel, et d'entendre la voix du grand moghol Shah Jahan.

- Tu... n'oublieras pas ton Arjumand ?

- Jamais, je t'aimerai pour l'éternité.

Au travers des larmes, elle sentit ma bouche se poser sur la sienne. Ce n'était pas un léger baiser, au contraire, il était violent, contenant toute la passion et la force de notre jeunesse.

Avec mon amour, je lui pris son dernier soupir...
Isaiya COMPTE SUPPRIMÉ
Vendredi 29 Mai 2009 à 21:24
Dora fut le premier fils des époux impériaux. Alors que Dora vit au monde lors d'un premier accouchement aisé, Aurangzeb, le troisième fils, eut fallu faire perdre la vie à sa mère, lors d'une naissance longue et épuisante, l'orage qui accompagnait cet accouchement fut craint par Arjumand, car elle redoutait un mauvais présage.

A chaque fois qu'ils couvraient de baisers Dora, ils l'affaiblissaient, car la cruauté d'Aurangzeb grandissait. Il était privé d'amour, et Dora semblait être son principal obstacle. Aurangzeb avait trouvé refuge dans la foi, c'était sa façon de compenser. Une foi rigide et impérieuse, ne tolérant rien. La première chose qu'il fit lors de son sacre, ce fut de détruire des temples hindous. Il fut à l'origine des querelles intestines qui rongent l'Inde depuis plusieurs siècles.

Shah Jahan ne put se remettre de la disparation de son épouse. Il n'était plus que l'ombre de lui même. Jusqu'à la fin de sa vie, il prononçait souvent son prénom durant la nuit, son souvenir le hantait en permanence. Isa, le serviteur de sa défunte Arjumand était pour lui, le souvenir de cet amour disparu.

L'empereur vacillant, allait se lancer une dernière fois corps et âme pour faire construire une tombe à son épouse.

Le livre est entrecoupé par plusieurs histoires dont les destins se rejoignent. Dès le début du récit, on est soudainement projeté quarante ans plus tard, après la mort d'Arjumand. Cela est un peu déconcertant et on se sent un peu désorienté, surtout à l'égard de l'avalanche de noms qui apparaissent, mais on retrouve vite les repères de la trame scénaristique, et son suit avec plaisir les aventures d'un Acharya prénommé Murthi. Toutes ces histoires se suivent, car malgré la distance temporelle, car elles furent toutes hantées par l'amour que vécurent ces deux êtres.

Murthi était un sculpteur hindou, et il passa la fin de son existence a sculpté l'énorme paravent situé autour de la tombe qui trône au milieu du palais de la couronne, enfermant pour toujours dans un délicat linceul, l'amour perdu de Shah Jahan, sa fidèle Arjumand.

Arjumand qui passa toute sa vie à coté du prince, le suivant sur tous les champs de bataille, accompagnée par tous les enfants qu'elle mit au monde. Le dieu qu'elle vénérait lui faisait payer le fruit du plaisir charnel auquel s'elle s'adonnait avec passion en compagnie de son prince. Ces nombreuses grossesses l'avaient affaibli peu à peu.

Ce monument, c'est également la folie d'un prince. 20 000 ouvriers venus de tous les horizons, qui travaillèrent nuit et jour durant 20 ans, à la lueur de centaines de milliers de bougies disposées sur le fleuve asséché pour déplacer son lit, afin que les fondations de l'édifice n'eurent été touchées par les eaux en crue. Un cortège de plusieurs centaines d'éléphants qui se relayaient pour amener le marbre blanc qui était extrait dans la province voisine du Rajasthan.

Murthi n'eut pas l'occasion d'admirer son travail, car l'accès au mauselée lui était interdit, aussi paradoxal que cela pouvait paraître, le sculpteur hindou avait réalisé une pièce magnifique qu'il ne pouvait pas ensuite apprécier au sein même d'un édifice musulman. La limite de la tolérance religieuse.

Il n'eut pas le temps de retourner dans son village natal, il trouva le repos auprès d'Arjumand, celle qui avait toujours sollicité sa curiosité, et pour qui il avait fait don d'une partie de sa vie, sans avoir pu l'apercevoir, et qui maintenant, se trouvait à quelques centaines de mètres de lui. Gopi, son fils ainé, avait repris le flambeau, cela perpétuant la tradition d'une famille vouée à la sculpture des dieux.
Isaiya COMPTE SUPPRIMÉ
Vendredi 29 Mai 2009 à 21:24
"Gopi se glissa avec précaution au travers des portails, dans la lumière. Le jardin était désert, personne ne gardait la tombe. Il regarda le long canal étroit, les fontaines étaient calmes. L'image blanche et brillante ne se réfléchissait plus que dans l'ombre sombre. Il écouta le bruissement des nuées d'insectes. Il n'y avait personne, ils étaient tous au loin, de l'autre coté de la rivière, derrière les hauts murs. Le monde avait fermé les yeux, la tombe était à lui. Il hésita dans l'ombre de la porte, il s'attendait encore à quelque chose, un soldat impérial qui le repousserait. Il ne pouvait pas croire qu'il se trouvait dans le jardin, à contempler une telle beauté. Les pelouses vertes, les massifs de roses, de lys, de soucis. Le souci pour les musulmans la fleur de la mort et il abondait partout et de toutes les couleurs. On dit qu'un empereur, à la mort de son épouse, avait fait apposer au sol, toutes les roses coupées dans tout le royaume de l'hindoustan. En bordure du jardin se trouvaient toutes sortes d'arbres, des manguiers, des citronniers et des cyprès. Le verger était la représentation du paradis pour les musulmans.

Gopi marcha sur le rebord de la pierre à coté de la fontaine. Le monument surgissait de manière magistrale au fur et à mesure qu'il avançait. Il flottait, sublime, au dessus de la terre. Il ne l'avait aperçu que derrière le mur et n'aurait jamais imaginé qu'il puisse être aussi grand. Quand il entra dans l'ombre, il sentit la magie atemporelle de l'endroit. Sa délicatesse était une illusion, créée pour donner un effet de fragilité. Il se rapprocha, pencha la tête et leva les yeux pour regarder le dôme. En s'approchant de la plate-forme, il le perdit de vue, et il se dépêcha de monter les marches qui conduisaient à la porte. Il poussa la porte et vit le paravent. Gopi s'arrêta et regarda, émerveillé. La lumière du clair de lune, après avoir traversé les motifs de marbre de la fenêtre, tombait doucement sur le jali. Elle changeait la texture de la pierre en quelque chose de comparable à de la fine dentelle. C'était translucide, lumineux, la pierre elle-même devenait source de lumière. Il pensa que, la nuit, il devait avoir une vie propre pour rayonner de mille feux."

Arjumand avait été le paradis sur terre pour Shah Jahan, et Shah Jahan avait retranscrit sa vision du paradis pour que son épouse puisse reposer en paix dans un endroit propice aux rêves les plus fous.
Isaiya COMPTE SUPPRIMÉ
Vendredi 29 Mai 2009 à 21:24
Le bruit courait que le royaume était appauvri à cause des folies de l'empereur. Aurangzeb se préparer à mener le front contre son père, afin de s'emparer du pouvoir. L'armée de Shah Jahan fut rapidement défaite face à la barbarie de son fils.

L'empereur avait projeté comme idée, celle de construire un deuxième mauselée de marbre noir, situé de l'autre coté du fleuve, et une passerelle de marbre devait s'élever entre les deux pour leur permettre de s'unir dans les cieux.

Dora connu la dure loi implaccable du trône ou de la mort. Et le rêve que faisait Arjumand devint une réalité cruelle pour Shah Jahan, cette tête qui tronait sans corps dans ses songes, elle fut exposée au prince sur un plateau d'argent. Dora n'était plus.

Shah Jahan resta longtemps emprisonné, avec comme seul réconfort, celui de pouvoir contempler le lit de son épouse, situé en face sa fenêtre. Elle l'emporta durant une nuit, dans le silence, sans qu'il n'ait pu accorder le pardon à son fils Aurangzeb qui lui envoyait continuellement des lettres pour se réconcilier. Jahanara sa fille ainée, une soeur épargnée par Aurangzeb, s'était occupée de lui avec dévotion.

Le nouvel empereur, pour ne pas être aperçu, se rendait seul la nuit dans cette tombe, qu'il imaginait jusqu'à lors vide comme une coquille, et il déversait sur les sarcophages de ses parents, toutes les larmes de son corps. L'étincellement de toutes les pierres précises se confondaient avec les larmes qui en ruisselant sur le marbre blanc, rendaient la pierre illuminescente.

Une larme sur le visage de l'éternité.
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